Pression sur les pilotes
Si le pilote avait su dire "non" à son employeur, il aurait certainement été désavoué, méprisé, peut-être même licencié, mais il aurait été un véritable pilote, courageux et responsable.
Nous Pilotes, avons tous un jour cédé à la pression de notre employeur, des contraintes opérationnelles (heure limite de décollage avant le couvre-feu d’un aéroport), de nos passagers clients (départ à l’heure, correspondances) ou de notre équipage (limites de temps de travail), etc.
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Cela m’est arrivé, en 1987, à l’aéroport du Bourget, en rentrant d’Afrique du Nord, après une évacuation sanitaire en avion d’affaires (Learjet 24D). Après un atterrissage matinal, sans avoir dormi pendant près de 24 heures, je me suis rendu dans les bureaux de la petite compagnie de vol à la demande, où je travaillais depuis quelques mois, j’ai salué les secrétaires qui arrivaient, leur disant qu’une fois chez moi, après une bonne douche, j’irai me coucher. Alors la responsable m’a arrêté, car il fallait repartir dans l’heure suivante ! J’ai cru qu’elle plaisantait, mais elle m’expliqua que le vol était vendu depuis longtemps à l’un de nos meilleurs clients et que le pilote prévu était tombé malade.
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« Ce n’est pas que je ne veux pas, mais c’est que je ne peux pas ! » Devant mon incrédulité elle m’a passé le patron, au téléphone, qui attendait ma réponse. J’ai eu beau protester, la conversation a rapidement tourné court : « Ou vous faites le vol, ou vous passez chez la comptable pour solde de tout compte ! » Pris au dépourvu, j’ai fait le vol, dans des conditions inacceptables, qui par chance s’est déroulé sans incident.
Depuis ce jour-là, je me suis promis de ne plus tolérer de pression, ou de chantage, qui mettrait la sécurité de mes vols (et la mienne) en jeu. Et dès le lendemain j’ai cherché du travail ailleurs.
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